26/02/2022

La grande roue de la Concorde au Trocadéro ?

 

Un manège entre le Trocadéro et la tour Eiffel… La mairie du XVIe arrondissement y pense sérieusement. Mais l’Hôtel de Ville compte préserver cette vue imprenable.

 

Elle fait 43 m de haut, pèse 120t et porte déjà en elle le parfum du scandale. La grande roue de la Concorde installée tous les ans de mi-décembre à mi-janvier depuis 1994 pourrait prendre ses quartiers de printemps au Trocadéro dès l’an prochain. L’attraction, propriété de Marcel Campion, serait montée pendant un mois en mars ou en avril dans l’axe de la tour Eiffel, entre l’esplanade des Droits-de-l’Homme et le bassin du Trocadéro.

Couplé à un grand marché de Pâques, le projet, imaginé à l’automne par Marcel Campion avec le soutien du maire (UMP) du XVI e , Claude Goasguen, doit encore être validé par la mairie de Paris, puis soumis au ministère de la Culture, gardien de ce site classé. Et surprise : le premier signal émanant de l’Hôtel de Ville est plutôt positif. Evoquée le 14 janvier lors du compte rendu de mandat de Bertrand Delanoë, l’idée n’est pas écartée. « Nous allons étudier le dossier », dit alors le maire de Paris avec une certaine bienveillance.

 

« Au vu des premières études, c’est non ! »

 

Mais depuis, la roue semble avoir tourné : « Au vu des premières études techniques, c’est non ! Le site du Trocadéro n’est pas adapté à une telle installation », indique-t-on à l’Hôtel de Ville, sans s’étendre sur les détails. Même son de cloche du côté des architectes des Bâtiments de France (ABF), qui parlent d’un problème de « cohérence ». Traduction : pas question d’obstruer l’une des belles vues donnant sur la tour Eiffel.

Pourtant, Marcel Campion se veut confiant. L’opposition de la mairie de Paris ? « Ça peut toujours se débloquer », assure le forain, qui évoque au passage ses rapports « plutôt bons » avec Bertrand Delanoë. L’avis négatif des ABF ? « Ils disent toujours non, mais le ministre de la Culture peut passer outre, ce qui arrive très souvent. » Et de mettre en avant « le soutien de Claude Goasguen » qui semble « prêt à porter le projet ». Ce que confirme l’élu. « Il va se passer la même chose que pour la grande roue à la Concorde : après quelques mois d’opposition, les hostiles verront que ce quartier a besoin d’animation. En tout cas, je ferai tout le tintouin nécessaire pour que le dossier aboutisse. » En attendant, aux abords du Trocadéro, l’affaire ne laisse pas indifférent.

Nicolas, un riverain, s’amuse de l’info. « Ce n’est pas si grave de cacher une partie de la tour Eiffel : on la connaît tous la tour Eiffel ! » ironise ce trentenaire. « C’est n’importe quoi, s’émeut José, un touriste venu de Montpellier. C’est la plus belle vue de Paris. On ne peut la boucher comme ça ! » Le débat dans la rue pourrait bien être aussi chaud qu’à l’Hôtel de Ville…

 

Thibault Raisse, Le Parisien du 26 février 2009

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