Paris16info

La mode est aux compte-rendus, bilans et autres rapports d’étapes, aussi pourquoi ne ferai-je pas celui de mes trois années en tant que membre d’un conseil de quartier, en l’occurrence Auteuil Sud ? Je reconnais que ce qui suit est forcément subjectif mais sera peut-être instructif pour celles et ceux qui seront désignés officiellement 9 juin, lors du Conseil d’Arrondissement, conseillers de quartier ou pour toutes celles et tous ceux que la situation de la Démocratie locale dans le 16ème intéressent et que ce témoignage pourra éclairer.

 

Comment et pourquoi l’association Paris16info est entrée au Conseil de quartier Auteuil Sud ?

L’association qui édite ce blog depuis maintenant 6 ans s’est donnée deux missions : informer et favoriser le débat entre les habitants sur tous les sujets qui concernent la vie quotidienne dans le 16ème arrondissement. A l’époque de la création de ce site, le débat avait peu de place dans le 16ème, les habitants ne pouvaient, par exemple, pas prendre la parole en conseil de quartier et ceux-ci, sans aucune exception, avaient lieu à la Mairie du 16ème donc souvent bien loin des quartiers concernés.

Dans ces conditions il nous est très vite apparu nécessaire de militer pour la mise en place de véritables instances participatives. Par analogie à la pratique de la démocratie de proximité dans le reste de Paris, nous avons fait de nombreuses propositions d’amélioration, pas uniquement pour les conseils de quartier, même si leur rôle est très important, mais aussi pour le CICA (l’association y est entrée en 2006 grâce à Monsieur Pierre-Christian TAITTINGER, Maire du 16ème) et pour d’autres structures que nous continuons d’appeler de nos vœux comme un conseil des étrangers non communautaires, si évident dans un arrondissement aussi ouvert au monde et cosmopolite que le 16ème !

Articles répétés, aimables pressions sur les élus parisiens et locaux, campagne de lobbying : nous avons multiplié les démarches.

En 2008 lors de la campagne municipale, nous avons amené ce thème au cœur des débats. L’une de nos actions consista à interpeller les candidats des principales listes en présence et d’obtenir d’eux des promesses, certaines timides, d’autres beaucoup plus courageuses voire très courageuses. Cela fut appuyé par une campagne de terrain et de tractage qui eut certainement un certain impact sur les futurs élus.

En effet, forte des arguments que nous avions avancés, Laurence DREYFUSS alors en charge de la Démocratie locale parvint à convaincre le nouveau maire Claude GOASGUEN, malgré la réticence de ses collègues de la majorité municipale du 16ème, d’engager quelques réformes en matière de démocratie participative.

En ce qui concerne les conseils de quartier la population fut enfin autorisée à prendre la parole et les conseils furent délocalisés dans les quartiers. Malheureusement la désignation des conseillers de quartier demeure arbitraire et soumise à des préoccupations politiques (au pourcentage des résultats électoraux entre sympathisants de telle ou telle faction) ce qui n’est bien sûr pas des plus efficace comme nous y reviendrons plus après.

En ce qui concerne le CICA, Laurence DREYFUSS tenta bien d’entamer une amélioration dans le fonctionnement de cette instance sclérosée et pour tout dire moribonde mais malheureusement "son limogeage" mis brutalement un coup d’arrêt à cet effort.

Enfin, un conseil de la jeunesse, en 2009, 8 ans après la plupart des autres arrondissements, a été mis en place dans le 16ème avec tout de même des limites d’âge très restrictives et un mode de désignation tout aussi discutable.

Pour en revenir au conseil de quartier, c’est à la demande du Maire, Claude GOASGUEN, venu me dire "j’ai besoin de vous" en fin du second Conseil d’Arrondissement de la nouvelle mandature, que j’acceptais d’entrer au nom de l’association que je préside au conseil de quartier Auteuil Sud (l’association couvre par son activité l’ensemble du 16ème mais son siège social se trouve dans ce quartier).Même si dans leur nouvelle forme les conseils étaient loin d’être encore parfaitement "démocratiques" il fallait faire la démonstration de ce que ces maigres concessions pouvaient apporter de plus à des élus qui étaient majoritairement réticents à l’idée de donner ainsi la parole aux citoyens.

Je pensais, naïvement sans doute, qu’il serait possible ainsi de les convaincre d’aller plus loin dans la pratique de la démocratie participative à l’instar de ce qui se réalise ailleurs dans Paris. Peut-être est-ce naïf de ma part ?

 

par Antoine DUFOUR, conseiller de quartier Auteuil Sud 2008-

 

Je dresserai succintement demain le bilan de ces trois années comme conseiller de quartier, trois années de nombreuses déconvenues et d'espoirs déçus, trois années qui loin de me décourager me donnent encore plus l'envi de militer pour l'améliorations du fonctionnement des conseils de quartier afin que ceux-ci soient véritablement efficaces et utiles aux habitants du 16ème.