09/07/2022

La piscine Molitor ne réouvrira pas pour tout le monde !

Le quotidien Le Parisien publiait hier, 8 juillet 2008, un article exclusif sur la réhabilitation de la piscine Molitor et sa très probable "privatisation". Conséquence, comme pour l'aquarium du Trocadéro, l'accès à cet équipement, jadis public, risque de devenir extrêmement cher.

 

Il faudra être riche pour profiter de Molitor

 

La restauration de la piscine est enfin sur les rails. Mais d'après des documents que nous avons consultés, l'abonnement annuel pourrait coûter plus de 1 200 €.

Hier midi, le Conseil de Paris a voté la création d'une commission de quinze élus pour étudier les différents projets en lice pour la piscine Molitor (XVI e). Elle devrait se réunir après les vacances pour auditionner les candidats à la reprise de l'établissement inscrit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques. Car il s'agit bien de la reprise par une entreprise privée d'un établissement public.

L'investissement nécessaire (entre 61,2 millions et 64,8 millions d'euros) pour restaurer ce joyau Art déco bâti en 1929 était trop lourd pour la mairie de Paris.

Le groupe qui remportera le marché signera un bail de cinquante-quatre ans. Revers de la médaille : les repreneurs envisagent un tarif à la journée entre 20 € et 60 € et des abonnements annuels variant entre 1 200 € et 2 000 €. «La Ville ne pouvait pas investir à la fois dans le stade Jean-Bouin et dans la piscine Molitor, plaide l'adjoint (PC) au maire de Paris en charge des sports, Jean Vuillermoz . Comme il y a déjà beaucoup de piscines dans le XVI e, nous avons choisi le stade». «On s'arrangera néanmoins pour que les groupes scolaires et les clubs aient le maximum de créneaux horaires».

Voici, d'après un document interne, les propositions des trois groupes en concurrence.

Colony-Capital/Bouygues/Accor prévoit un hôtel. Ce groupe veut garder la structure d'origine en conservant le mobilier de l'oeuvre de Lucien Pollet, les cabines et les mosaïques, la façade extérieure ainsi que le restaurant, le bar de piscine extérieure et les vitraux. Le projet parle de «réinterprétation architecturale avec greffe contemporaine». Le dossier prévoit de développer un grand complexe de santé active (balnéothérapie et thalassothérapie) ainsi qu'un hôtel d'une centaine de chambres exploité par Accor. Abonnement annuel à 1 800 € et prix à la journée de 60 €.

GTM (filiale Vinci) envisage un théâtre. Le groupe a beau avoir multiplié les déboires sur la piscine flottante Joséphine-Baker, il est quand même candidat à la reprise de Molitor. Il voudrait y aménager un grand complexe de remise en forme avec les deux piscines historiques, un hôtel de 50 chambres, une salle de spectacles de 1 500 places ainsi qu'un petit théâtre en sous-sol. Un «club d'éveil sportif» pour enfants pourrait également voir le jour avec la création d'un troisième bassin. Abonnement annuel à 1 200 € et tarif à la journée de 20 €.

Icade promet une patinoire. Icade veut lui aussi transformer Molitor en grand centre de remise en forme (hammam, sauna, fitness...) avec l'ouverture d'un troisième bassin. La piscine extérieure serait transformée en patinoire l'hiver et une salle culturelle verrait le jour pour des événements. Un parking serait creusé en sous-sol. Abonnement 2 000 € et le prix à la journée de 20 €.

par Marie-Anne Gairaud, 08 juillet 2008, Le Parisien

Commentaires

Jean Vuillermoz connaît il ses dossiers ?

"Comme il y a déjà beaucoup de piscines dans le XVI e, nous avons choisi le stade"

Combien y a t il de piscines municipales dans le 16ème arrondissement de Paris à votre avis ?

http://www.paris.fr/portail/Sport/Portal.lut?page_id=8409

DEUX, il y en a deux ce qui n'est certainement pas beaucoup et ne laisse que peu d'accès libre au grand public en dehors des créneaux réservés aux clubs, scolaires, organisation de compétitions, etc.


Sait-on pour quelle durée serait concédée l'exploitation de la piscine Molitor rénovée ?

Dans l'état actuel on voit bien mal l'intérêt des parisiens à rénover un bâtiment qui deviendrait en pratique inaccessible financièrement à la plupart d'entre eux.

Écrit par : Derek Smalls | 09/07/2022

On ne peut que souscrire à l'indignation de tous ceux qui ont lu l'article !!! Une commission d'élus a été mise en place pour travailler sur ce dossier, suivons donc ses travaux et veillons que les intérêts des habitants du 16e, de Boulogne et de Paris soient défendus. Les prix annoncés font en effet frémir et risquent de tuer une deuxième fois la piscine Molitor...

Décidément, il semble que la Ville de Paris ait décidé d'oublier toute cohérence en matière d'aménagement de la section Saint-Cloud-Auteuil : beaucoup de projets mais on cherche encore le lien, le fil de la réflexion... Il manque bien à la tête de la capitale un visionnaire...

Écrit par : Eric André | 10/07/2022

La commission aura-t-elle seulement à départager ces trois projets de repreneurs privés ou entendra-t-elle les riverains et potentiels usagés de cette piscine publique de tout Paris et sa banlieue sud/ouest ? Pourra-t-elle suggérer de préserver le caractère public de cette piscine en obtenant un tarif acceptable et permettant l’accessibilité de tous ? J’en doute.
En tout état de cause la « privatisation » de la piscine Molitor au dépend de l’intérêt général et d’un accès large de cet équipement public semble entérinée. Comme sur l’aquarium du Trocadéro, qui est un scandale, le consensus gauche droite est évident. Les motivations des élus ne sont certes pas les mêmes, mais le résultat est le même : l’aquarium du Trocadéro n’est plus accessible aux classes moyennes de Parisiens (et d’ailleurs aussi) et demain la piscine Molitor ne réouvrira que pour une poignée de privilégiés alors qu’elle est à l’origine une piscine publique !
On réhabilite des lieux importants du patrimoine parisien, pas pour les Parisiens eux-mêmes, mais pour les touristes fortunés. Paris est une belle ville, mais de moins en moins partagée par ces habitants et ceux qui l’aiment.

Écrit par : Antoine Dufour, conseiller de quartier Auteuil sud | 11/07/2022

Encore une preuve flagrante du fossé existant entre "l'être et le paraître":

- Paraître: Nos Elus, grâce au vecteur des médias, se donnent des airs de grands démocrates, à l'écoute des citoyens, utilisant des grands mots comme la "démocratie participative, la consultation des habitants, les enquêtes de proximité, les débats publics", etc etc.

- Etre: La réalité du terrain, qui reste malheureusement presque toujours la même. Des notables qui se croient investis d'un droit divin, qui décident et ficellent les projets entre eux, et qui font semblant par la suite de recueillir l'avis des populations, sans en tenir presque jamais compte.

Ce n'est pas une maladie exclusivement française, mais cela fait mal dans le pays "de la libre opinion et de la liberté". Heureusement, à défaut de pouvoir s'exprimer sur une presse nationale à l'accès extrèmement limitée pour le citoyen de base, qu'est apparu internet et ses voies de communication alternatives!

Quant à Monsieur Vuillermoz, j'aimerai savoir combien de fois a t'il mis les pieds dans l'arrondissement....

Écrit par : Esteban | 11/07/2022

Je suis en gros d'accord avec les commentaires faits plus haut, mais il me semble qu'ils doivent être complétés par trois mots : "Rapport de force".
Bien sûr que c'est navrant, mais que voulez vous, les Parisiens ont voté.
Ils ont confié à l'équipe de monsieur Delanoë le pouvoir municipal sans partage, puissamment aidé par une opposition de droite confuse et inaudible.
Sonnée par son échec, le plus grave de l'histoire politique de Paris, la Droite hésite entre une politique de résistance et une politique de collaboration.
Il en sera ainsi tant qu'un (ou une) leader ne se sera pas dégagé.
Les Parisiens l'ont voulu, les Parisiens l'ont.
En Démocratie on a les dirigeants qu'on mérite, Molitor sera interdit au famille aux revenus modestes et les Parisiens auront des tours et voilà tout.

Écrit par : Jean Marie Saugey conseiller de quartier Muette Nord | 12/07/2022

Chers amis,

je ne comprend pas bien l’effarement constaté par cet article.

Dans cette affaire, la Mairie à deux options:

Faire financer la rénovation par le contribuable. Dans ce cas les parisiens sont en droit d’exiger un tarif “subventionné”.

Faire financer la rénovation par des fonds privés sans intervention publique. Dans ce cas, il parait normal que l’investisseur (qui n’est pas une ONG) cherche à rentabiliser son investissement. Dans le cas présent, le droit journalier à 20 euros est conforme à ce qui existe par ailleurs (aquaboulevard…).

Le choix du privé par la Mairie est certainement le meilleur…

Il faut être raisonnable, on peut pas récolter le beurre, l’argent du beurre et la crémière…

Écrit par : christophe D | 16/07/2022

Cher Christophe,

Je reconnais bien là votre vision libérale des choses mais je ne partage votre logique qui conduit à voir une collectivité locale comme Paris se désengager de ses responsabilités dans la gestion, l’entretien et le financement des équipements publics dont elle a la charge.

Aquaboulevard est une entreprise privée contrairement à Molitor qui est une piscine municipale ! Si l’on confie sa gestion et sa restauration à une entreprise privée alors on privatisera de fait un équipement public. Ce fut le cas pour l’aquarium du Trocadéro.

Si la ville se désengage à quoi sert-il d’avoir une municipalité ? Pourquoi ne privatise-t-on pas l’ensemble de nos équipements publics écoles comprises ?

La ville de Paris a les moyens de financer la piscine Joséphine Baker (et son renflouement ;-) dans le 13ème mais pas de ceux de restaurer une piscine qui fait défaut depuis trente ans aux habitants du 16ème arrondissement et des villes et arrondissements voisins ? (Preuve s'il en est, Monsieur Saugey, qu'il n'est pas nécessaire de politiser ce dossier dont toutes les majorités de droite comme de gauche se sont désintéressées depuis 1989 !)

Dans le 16ème, l’achat des terrains de la Porte d’Auteuil a coûté 80 millions d’euros, une goutte d’eau pour une ville comme Paris !

Alors une question à quoi servent donc les impôts des contribuables parisiens ?

A financer la construction d’un super dôme, après avoir fait disparaître le stade municipal Hébert, pour ensuite en faire cadeau à une fédération extrêmement riche qui ne sortira pas un sou de sa poche mais empochera une part des recettes des spectacles nombreux qu’on y organisera en dehors des deux semaines de Roland Garros ?

Que reste-t-il aux habitants de Paris ? L’air pollué, le droit de vivre dans une ville de plus en plus chère et de moins en moins solidaire ? Allez sur le site internet du centre Corot vous y apprendrez que chaque semaine il accueille une centaine de familles du 16ème vivant dans des chambres de bonnes.

Heureusement qu’il reste encore un ou deux équipements publics (écoles, stades, centre d’animation, etc…) dans le 16ème pour ces familles et les milliers de familles aux revenus moyens. Tous, au passage, payent l’impôt local censé financer la gestion et l’entretien des équipements publics…

Bien cordialement,

Écrit par : Antoine | 16/07/2022

Cher Antoine,

Une piste serait de procéder comme la ville de Boulogne Billancourt (excellente piscine que je recommande pour ceux qui ont des enfants en bas age...) : un tarif "subventionné" pour les habitants de l'arrondissement et un tarif libre pour les autres.

Sinon je partage votre point de vue sur Roland Garros...

Bien à vous,

Ps: autre sujet sans lien. Je suis riverain du complexe des petites soeur des pauvres rue de Varize et trouve parfaitement justifié la réquisition de ces locaux pour loger des SDF...
Ce qui m'amuse c'est que certains demandent désormais le retour de la Cogedim!!!

Ch D

Écrit par : christophe | 16/07/2022

Cher Monsieur Dufour, il est difficile de ne pas politiser la politique.
Personne n'est exempt de reproches sur ce dossier, mais quand même je ne pense pas que l'opposition ait une grande responsabilité en la matière depuis sept ans.
J'ajoute qu'à ma connaissance les projets de type "Roland Garros, Dôme, Bimes et tutti-quanti" ne remontent pas à Mathusalem.
Pour que règne la paix chaque lion doit rugir dans sa propre forêt - Confucius -

Écrit par : Jean Marie Saugey conseiller de quartier Muette Nord | 16/07/2022

Comment peut-on se fier dans une procédure d'appel d'offres à des commentaires du Parisien.

Écrit par : PHILIPPE | 29/07/2022

On se fie à ce que l’on peut Philippe. Ce projet est passé en catimini et cet article du Parisien on en aurait rien su avant le premier coup de pelleteuse. Les élus de notre arrondissement dont certains ne pouvaient ignorer le projet (ceux qui siègent en Conseil de Paris) dans une belle unanimité se sont bien gardés d’informer la population.

Écrit par : Leroy | 29/07/2022

avez vous prévu l'aacès au bassin pour les personnes agées ?

Écrit par : frey | 08/05/2022

Je suis contente de voir la piscine Molitor soit restaurée mais je trouve que le prix de l'entrée est très cher et c'est très dommage pour les gens du quartier . ce sera plus vivant certes mais c'est navrant que l'entrée soit exagérée. Mais je savoure le travail minutieux et le respect de la perspective .

Anne

Écrit par : faillant anne | 10/05/2022

La mairie de Paris ayant généreusement offert ce lieu mythique et classé monument historique à un fond d'investissement, c'est près de 9.000€ qu'une famille avec 2 enfants devra débourser pour y accéder ! Pour se consoler, espérons que Mme Hidalgo et ses amis y auront un accès réservé et gratuit...

Écrit par : Maicas | 19/05/2022

Écrire un commentaire