18/01/2022

Jean-Yves Mano, Adjoint au Maire de Paris et Conseiller de Paris répond aux questions de Paris16info

medium_dsc_0027_8_.jpg

Elu du 16ème arrondissement depuis 1995, Conseiller de Paris, adjoint au Maire de Paris en charge du Logement, Jean-Yves Mano a bien voulu répondre aux questions de Paris16info lors d’une rencontre à son bureau de l’Hôtel de Ville. Dans un arrondissement très majoritairement à droite, cet élu de terrain incarne une opposition ferme mais constructive, prenant en considération le contexte local.

 

P16i : Monsieur Mano, n’est-il pas paradoxal qu’élu du 16ème arrondissement qui compte moins de 2,5% de logements sociaux, vous soyez en charge du logement à la Mairie de Paris ?

Jean-Yves Mano : Le logement, ça n’est pas uniquement le logement social. C’est également effectivement un symbole puisque j’ai fait campagne en 2001 sur le thème de la répartition des logements sociaux. Rien que parmi les habitants du 16ème, le nombre de demandeurs est de 3300. Sous la précédente mandature, ceux-ci se voyaient proposer un logement en banlieue ou à l’est de la capitale. Dans le cadre de la politique d’attribution que nous avons mis en place pour les logements du contingent du Maire de Paris, je m’emploie à faire bénéficier prioritairement les habitants du 16ème des logements situés dans cet arrondissement.

P16i : Sachant qu’il y a peu de logements sociaux dans le 16ème, votre marge de manœuvre doit être assez réduite. Avez-vous augmenté le parc de logements disponibles ?

J-Y. M. : Nous avons augmenté le nombre de logements disponibles dans le 16ème de 500. Il est vrai, essentiellement des rachats, mais aussi quelques programmes neufs dans le quartier d’Auteuil rue Erlanger et aux Thermes de Passy, et même une réhabilitation avenue Pierre Ier de Serbie.

P16i : Compte tenu de la pénurie de zones constructibles dans notre arrondissement, je suppose que vous accueillez favorablement le projet de lotissement des terrains RFF de la porte d’Auteuil. Comme certains élus de votre majorité, seriez-vous partisan d’augmenter la part des logements sociaux à construire sur ces terrains ?

J-Y. M. : Dans le respect des règles du PLU, le terrain sera loti. La règle actuelle, à laquelle vous faites sans doute référence, des 25% de logements à caractère social pour 1000m² construits est une règle que je connais fort bien pour l’avoir moi-même instaurée, mais qui ne me semble pas adaptée dans le cas présent. En effet, sur ce site, je souhaite que 50% soit réservé aux logements sociaux, sans compter la construction d’équipements qui m’apparaissent nécessaires : une crèche et une bibliothèque municipale.

P16i : Quel impact urbanistique ce lotissement aura-t-il pour l’environnement immédiat de la porte d’Auteuil ?

J-Y. M. : Nous avons mandaté un architecte pour établir un schéma d’urbanisme en partenariat avec RFF. Le 1er septembre 2006, nous espérons avoir un retour d’appel d’offre en fonction du cahier des charges défini. En tout état de cause, nous conserverons le bâtiment de la Gare d’Auteuil qui est un point de vente important. Les futurs bâtiments seront bien sûr plus élevés du côté du boulevard Suchet que du boulevard Montmorency. Sur l’ancien tracé de la Petite Ceinture, non constructible, une promenade verte jusqu’à La Muette devrait être aménagée et ouverte courant 2006.

P16i : Concernant la Maison des Goncourt boulevard Montmorency, quel est le projet de la Ville de Paris ?

J-Y. M. : La Maison des Goncourt est en cours de rénovation. Je sais que son aspect extérieur n’est pas très agréable, pour des raisons techniques, nous sommes obligés d’attendre les beaux jours pour la restauration des façades qui sont en plâtre. C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur, d’ailleurs il a été intégralement financé sur le budget de la Direction du Logement et de l’Habitat. L’affectation des lieux est en cours de négociation avec différents partenaires.

P16i : Vous n’êtes pas en charge des transports, mais en tant qu’élu du 16ème arrondissement, vous avez sans doute une opinion sur la question des transports. Voudriez-vous vous exprimer sur ce sujet ?

J-Y. M. : Si le réseau de métro est satisfaisant, je suis en accord avec le maire, Pierre-Christian Taittinger, sur la nécessité de création de lignes de bus de proximité ou micro-bus, internes au 16ème pour desservir certains quartiers. Sur le dossier du tramway, je suis convaincu que, par nature, il fera le tour de Paris un jour. Toute la question est de savoir quand. Nous donnons la priorité en fonction des demandes des élus locaux, comme c’est le cas en direction de la porte de la Chapelle. Avec les Jeux Olympiques, le projet du tramway aurait forcément avancé plus rapidement mais je continuerai à faire campagne pour le tramway dans le 16ème, et ce, malgré la vive résistance d’élus de droite qui n’ont toujours pas compris l’évolution de la relation ville-habitants et qui restent figés sur un mode de circulation propre aux années 70.

P16i : Lors du compte-rendu de mandat, Bertrand Delanoë et vous-même vous êtes exprimés sur l’avenir de la piscine Molitor. Pourriez-vous revenir sur le projet que pourrait avoir la Ville de Paris pour ce site ?

J-Y. M. : Le bâtiment est très délabré et comme vous le savez, la marge de manœuvre est très limitée dans la mesure où la piscine est partiellement classée. La Ville de Paris a mandaté le cabinet Ernst & Young qui a chiffré le coût global du projet que nous envisageons à 100 millions d’euros. Pour ces deux raisons, nous avons besoin de trouver un accord avec le Ministère de la Culture et de trouver des partenaires privés pour le financement de ce projet.

P16i : Après ce rapide tour d’horizon de quelques dossiers, je vous poserai une question plus politique : comment envisagez-vous l’avenir de la gauche dans le 16ème ?

J-Y. M. : Nous savons que c’est un arrondissement très majoritairement porté à droite. Cependant, en observant les résultats des élections précédentes, je suis plutôt confiant puisqu’aux municipales de 1995, lorsque je fus élu, nous avons obtenu 12%, et qu’aux dernières municipales de 2001 nous avons atteint les 20%. Ce qui compte pour moi, au-delà des chiffres, c’est que la population fonde son opinion sur la gestion municipale. Nous investissons et prenons autant de soin à gérer les arrondissements de l’ouest parisien que ceux de l’est, même si les problèmes sociaux et les attentes ne sont pas les mêmes.

 

Propos recueillis, 20 décembre 2005, par Antoine Dufour pour Paris16info.