12/12/2021

Dans le 16ème, la guerre au centre aura bien lieu

Dans le 16ème, il n'y a pas qu'au PS que le prochain scrutin municipal de mars divise. Le centre, partie intégrante de l'actuelle majorité dirigée par Claude GOASGUEN, dont on perçoit de moins en moins les contours idéologiques et politiques de plus en plus mouvants entre l'UDI, le Parti Radical, le MoDem ou encore l'Alternative, se déchire sur fond d'ambitions très personnelles, de parachutages et de règlements de comptes.

Comme toujours avec le centre, qui fut longtemps majoritaire dans le 16ème -on se demande pourquoi il ne l'est plus ?-, c'est très compliqué et cela se déroule en plusieurs actes. Ceci n'est donc que le début d'un drame qui promet encore quelques rebondissements.

 

Première acte : Les trois candidats orange ou violet mais freelances...

CP UDIMODEM.jpgAprès des mois de rumeurs concernant ceux qui devraient ou non obtenir le précieux sésame à une élection automatique et assurée dans le 16ème, c'est-à-dire être sur la liste conduite par Claude GOASGUEN pour l'UMP, un communiqué assez surréaliste tombait signé par Anne-Katrin JEGO, Béatrice LECOUTURIER et Eric HELARD. Surréaliste, en effet, parce que la réalité est on ne peut plus éloignée du texte.

Dans le 16ème, sur le terrain, entre l'avenue de Versailles et la rue d'Auteuil, évoqué dans ce communiqué mais visiblement jamais vraiment visité par Anne-Katrin JEGO, les militants UDI grincent des dents alors qu'ils battent le pavé depuis la rentrée. Le "parachutage" de "la Dame de Montereau", comme ils la surnomment, ne passe pas. Nombreux déplorent l'influence de la "petite entreprise Jego" en référence au rôle, selon-eux, prédominant que jouent les époux au sein des instances de l'UDI et à leurs ambitions tant électives qu'hégémoniques sur le parti. Ceux qui défendent les couleurs -en violet- de l'UDI dans le 16ème s'indignent de n'avoir pas été consultés sur le choix de cette candidate inconnue dans notre arrondissement et "imposée d'en haut".

Coté MoDem ce n'est guère mieux pour Béatrice LECOUTURIER qui a perdu le soutien d'une partie des sympathisants et militants locaux -en orange- notamment après son revirement sur le dossier d'extension de Roland Garros. Ils lui reprochent, aussi, de s’être un peu vite rapprochée de l'UDI et de Claude GOASGUEN après les dernières législatives, justement quand elle a été nommée déléguée auprès du Maire d’arrondissement et de fait intégrée sa majorité. Conseillère d'arrondissement, seule élue Modem à ce jour dans le 16ème, elle devrait obtenir une place éligible au Conseil de Paris sur la liste UMP.

Enfin, Eric HELARD, avant d'être un des responsables de l'UDI dans le 16ème, depuis la création de ce mouvement il y a un an, est surtout lié de longue date à Claude GOASGUEN comme l'affaire du 93 rue Lauriston nous a permis de le découvrir. Sa présence sur la liste du maire sortant n'est donc pas en lien direct avec l'alliance entre son parti et l'UMP mais bien dû à une "amitié" bien plus ancienne. Cette même amitié qui sans doute explique son transfuge en 2008 du 8ème, dont il était élu, au 16ème.

En résumé, ces trois signataires n'ont pas vraiment le soutien de leurs bases militantes. Mieux, leurs formations politiques respectives seront très certainement heureuses de compter grâce à eux des élus supplémentaires -dans le 16ème il y a peu de suspense électoral ni de second tour- mais elles ne sont que pour très peu dans le choix de ceux-ci.

 

Deuxième acte : ...et une sacrifiée

Valérie SACHS, Conseillère de Paris et du 16ème sortante, élue en 2008 sur la liste du maire actuel et jusqu'à il y a peu porte-parole du groupe UDI au Conseil de Paris et l'autre co-responsable de celui-ci dans le 16ème, vient d'être exclue parce qu'elle a osé par voie de presse critiquer l'accord UMP-MODEM-UDI et surtout annoncé son intention de mener dans notre arrondissement une liste "société civile".

Cette dissidence n'est pourtant pas la seule, l'UDI Paris étant profondément divisée entre les différentes chapelles qui la composent sur le choix des candidats, mais, seule, Valérie SACHS a été sanctionnée à ce jour, preuve de l'influence de l'épouse d'Yves JEGO. Pourtant soutenue par les responsables UDI parisiens Christian SAINT ÉTIENNE et Pierre GASSENBACH -c'est son nom qui avait été avancé pour incarner l'alliance électorale UMP-UDI-MODEM dans le 16ème- elle pâtit donc à la fois de l'inimitié du Maire sortant et d'un arrangement très local conclu hors des partis. Écartée à l'évidence sans raison, il est normal qu'elle se présente.

Candidate aux dernières législatives contre Claude GOASGUEN (comme Béatrice LECOUTURIER avec qui elle se disputa l’héritage UDF) elle est de ceux qui ont fustigé la manière dont il a "usurpé" son siège à feu Pierre-Christian TAITTINGER. Conseillère de Paris et du 16ème sortante investit sur de nombreux dossiers (comme Roland Garros) elle représentait un obstacle à abattre à la fois pour le maire mais aussi pour Anne-Katrin JEGO et Béatrice LECOUTURIER, c'est chose faite.

Seule peut-elle faire un score déterminant et compromettre l'ambition de certaines ? C'est objectivement peu probable mais qui sait nous sommes encore à 100 jours des municipales.