19/04/2022

Pour un vrai Printemps de la démocratie participative à Paris

La Démocratie participative à Paris reste encore une chimère mais certains y réfléchissent et font des propositions. Si cela vous intéresse n'hésitez pas à participer à ce débat rencontre :

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19/03/2022

Urbanisme à Paris : la démocratie bâillonnée

Maintes fois proclamées depuis 2001, par Bertrand Delanoë, la démocratie locale et participative n'a jamais été sincérement mise en œuvre à Paris. Jean Bouin, Molitor, Roland Garros... en sont autant d'exemples rien que dans notre arrondissement. Celle qui souhaite lui succéder, Anne Hidalgo, qui pilote déjà en tant que première adjointe et chargée de l'urbanisme les prétendues concertations, depuis de nombreuses années, promet qu'elle veut d'avantage associer les parisiens, notamment les jeunes, aux décisions qui sont prises dans leurs quartiers. Mieux elle propose d'associer tous les parisiens aux décisions budgétaires. Que ne promet-on pas en campagne ? On attend toujours la mise en œuvre de la promesse de campagne de 2008 de Bertrand Delanoë d'organiser des référendum locaux sur les grands projets urbains.

Il n'est pas question de remettre en cause la légitimité des élus mais se faire élire en promettant qu'on sera à l'écoute des citoyens, qu'on les consultera régulièrement, et ne pas le faire ensuite n'est-ce pas trahir ceux qui vous ont confié ce mandat ? Pire encore quand on récidive pour la troisième fois en tenant les mêmes promesses mêmes surenchéries de nouvelles promesses... 

Paris16info s'accocie pleinement à ce qui suit :


Urbanisme à Paris : la démocratie bâillonnée

 

TRIBUNE - Deux élus parisiens, deux responsables associatifs et un philosophe dénoncent collectivement  le manque de concertation à Paris dans plusieurs grands projets d'urbanisme récents.

À Paris, Roland-Garros traverse une crise profonde. Le projet d'étendre l'emprise  du tournoi en saccageant le jardin des serres d'Auteuil suscite l'indignation des associations  de défense du patrimoine et de l'environnement. L'extension souhaitée par la Fédération française de tennis  et la Ville de Paris subit simultanément une inflation financière, des reports  de calendrier en cascade et une grande fragilité juridique depuis l'annulation par le tribunal de Paris de la convention liant la Ville et la Fédération. Dans ce fiasco  en devenir, tous les acteurs se rejettent  la responsabilité des premiers échecs.

Comment expliquer une telle exacerbation du conflit? Par la détérioration du dialogue. Depuis l'annonce des travaux, les associations ont contesté le choix de la Ville de Paris. Elles ont immédiatement proposé  un déplacement hors de la capitale  ou la réalisation locale d'un contre-projet, désormais chiffré à quelque 53 millions d'euros, consistant à couvrir une partie de l'autoroute A13, comme cela avait été envisagé lors de la candidature de Paris aux JO 2012.

La Ville n'a jamais accepté d'étudier cette hypothèse, préférant déclencher une guerre juridique dont elle a perdu  la première bataille. Si le contre-projet des associations avait été examiné avec sérieux et respect dès le départ, le dialogue aurait été maintenu et le recours aux tribunaux probablement évité.  Ce refus de dialoguer, la Ville l'a réitéré depuis une décennie dans plusieurs chantiers emblématiques, tels le projet  de la tour Triangle (XVe arrondissement) ou la reconstruction des Halles en plein cœur de la capitale.

Chacun apprécie avec sa subjectivité les composantes d'un projet urbain: par exemple, une canopée de 216 millions d'euros est-elle nécessaire pour recouvrir le nouveau ventre de Paris?  En revanche, seule la municipalité décide de la place qu'elle accorde aux habitants dans la conception future de leur propre territoire. Avec la Petite Ceinture, ancienne voie ferroviaire dont Réseau Ferré de France devrait prochainement céder l'usage aux Parisien(nes), la Ville avait cette année une opportunité extraordinaire (une cinquantaine d'hectares en plein Paris!) d'associer  les habitant(es) aux choix à effectuer: davantage de nature? de transports  en commun? d'usages diversifiés?  des logements écologiques? d'autres pratiques? Le chantier était d'une incroyable richesse.

Las, l'organisation d'une conférence de consensus a été refusée par la Ville, malgré un vote favorable du Conseil de Paris et un budget dédié de 80.000 euros. Maigre contrepartie: une concertation expresse a conforté en moins de deux mois les travaux de l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR). Ni la région, ni le Syndicat des transports d'Ile-de-France, ni les communes riveraines directement impactées n'ont été invitées aux conclusions de ces travaux.

À Paris comme dans d'autres villes françaises, la démocratie participative ressemble ainsi à une coquille vide: un simple slogan électoral qui ne trompe aucun électeur. La capitale d'une grande démocratie se doit pourtant d'associer sereinement ses habitants aux décisions locales, avec patience et pédagogie, assurant ainsi sa dimension de cité.  Cela exige du temps. Cela réclame  la reconnaissance du désaccord. Mais, à terme, cela ne peut que renforcer  la cohésion d'une population réactive  et engagée.

Depuis une vingtaine d'années,  les responsables politiques disposent  d'un outil remarquable: la charte de la concertation proposée en 1996 par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. Cette charte propose une boîte à outils simples et efficaces pour organiser localement une concertation large, transparente, indépendante, attractive et féconde. Son but est simple: convaincre que la concertation n'est pas qu'une nécessité procédurale, mais bien le meilleur moyen pour améliorer la qualité des projets d'urbanisme, en enrichissant le point de vue des pouvoirs publics et des maîtres d'ouvrage. Hélas, presque vingt ans plus tard, la charte sommeille toujours dans les placards des administrations locales.

Demain va se construire le Grand Paris, une métropole composite  qui devra relever les défis climatiques  et énergétiques du XXIe siècle mais aussi inventer des territorialités inédites  pour l'action politique. Les futurs projets d'urbanisme franciliens seront à la fois sobres en énergie, économes en deniers publics, adaptés aux attentes des habitant(es) et démocratiques dans  leur mise en œuvre. Des objectifs aussi ambitieux ne pourront être tenus qu'en associant effectivement et efficacement les Parisien(nes) et leurs voisin(es).


Tribune publiée le 18 mars dans le Figaro par Thierry Paquot, Philosophe, Elisabeth Bourguignat, Secrétaire d'une association de quartier du centre de Paris, Jacques Boutault, Maire (EELV) du IIe arrondissement de Paris, Michel Charzat, Conseiller de Paris et ancien  député maire du XXe arrondissement et Agnès Popelin, Présidente du Collectif Auteuil Les Princes (CAP).