27/10/2022

Colony Capital, Bouygues et Accor s'offrent la piscine municipale de Molitor

Communiqué AFP du 27 octobre 2008 :

 

(AFP) - Le projet de Colony Capital, actionnaire principal du Paris Saint-Germain, allié à Accor et à Bouygues, a été retenu pour la remise en service de la piscine Molitor (Paris XVIème), fermée depuis 1989, a annoncé la mairie de Paris dans un communiqué.

Une délibération sera soumise au Conseil de Paris lors de la séance du 24 novembre afin d’attribuer le bail emphytéotique administratif (BEA) au groupement mené par Colony Capital, selon le communiqué.

Le projet prévoit, outre les bassins d’hiver et d’été, un hôtel 4 étoiles de 98 chambres et un centre de santé active gérés par Accor (sauna, hammam, musculation, balnéothérapie), un centre médical Sport et santé, ainsi que des commerces, deux restaurants (un restaurant diététique et un restaurant traditionnel) et un parking de 70 places.

L’investissement initial est évalué à 64,8 millions d'euros, avec un bail de 54 ans. Il ne fera pas appel aux contribuables parisiens.

Le projet de Colony Capital, qui a proposé 1,1 million d'euros de redevance annuelle, a été retenu par une commission spéciale composée de conseillers de Paris, aux dépens de celui d'un autre projet défendu par le groupe GTM.

La société Icade (groupe Caisse des Dépôts), un temps candidate, s'était retirée.

Selon la première adjointe au maire de Paris Anne Hidalgo (PS), les deux candidats restants ont été départagés sur la base de cinq critères comparatifs, dont la question architecturale.

La piscine Molitor est inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques et "l'architecte des Bâtiments de France a émis des réserves très fortes sur le projet de GTM, malgré la qualité de l'architecte", Jacques Ferrier, selon Mme Hidalgo.

La solidité financière du projet de Colony Capital "est apparue plus forte que celle de GTM", qui demandait à la ville de garantir un emprunt de la Société Générale.

Selon Mme Hidalgo, GTM était plus favorable sur les tarifs privés pour l'accès aux salles de gymnastique mais Colony "très intéressant sur l'offre pour les scolaires et les adultes, notamment dans le bassin d'hiver" (2,50 EUR et 4,50 EUR respectivement).

Enfin, la redevance proposée par GTM n'était que de 500.000 euros.

Le député-maire du XVIème arrondissement Claude Goasguen (UMP) a quitté la réunion assez rapidement.

"J'aurais préféré qu'on saisisse cette occasion pour en faire quelque chose qui aurait pu être une animation moderne tournée vers l'enfance, le spectacle, et qui aurait pu éviter ce coût prohibitif qu'aura la piscine Molitor", a déclaré M. Goasguen à l'AFP.

"On fait un BEA alors qu'on balance 160 millions d'euros non nécessaires du contribuable parisien à Jean Bouin" (rugby), a-t-il ajouté.

"On n'est pas sur les mêmes logiques économiques, Molitor est un sujet strictement privé" alors que "le projet de Jean Bouin est d'abord municipal : doter Paris d'un grand stade de rugby pour une équipe du championnat français et européen", répond Mme Hidalgo.

Commentaires

Les décisions très regrettables de la Mairie de Paris sur ce dossier facilitent grandement la prise de posture de M. Goasguen.

Le choix d'un BEA est effectivement révoltant, puisque nous ne serons pas nombreux en 2066 à pouvoir nous réjouir de voir la piscine Molitor revenir pleinement aux parisiens (si le bail n'est pas alors prolongé, qui pourrait maintenant assurer du contraire ?!).

Pourtant M. Goasguen se félicitait du choix d'une telle formule jusqu'à hier encore !

La volonté de nourrir la polémique préside là où l'on aimerait que les intérêts légitimes des parisiens et des habitants du 16ème prévalent !

Opposer le sport spectacle au sport populaire est quelque chose d'autrement plus facile pour notre édile local, que de fustiger le développement des clubs privés réservés aux plus nantis privilégiant leur quant-à-soi, enjeux de pouvoir et de manœuvres dont notre arrondissement et la majorité des habitants sont les jouets et les victimes.

Le Racing, Jean-Bouin (le club omnisport), la Croix Catelan à Lagardère, Molitor à Colony Capital.

La privatisation du patrimoine sportif parisien va bon train et si l'on doit déplorer les choix de M. Delanoë, il ne faut pas s'abuser. Passées les polémiques politiciennes, les options du fièrement libéral M. Goasguen n'auraient pas en la matière été fort différentes...

Écrit par : Derek Smalls | 28/10/2022

Derek, que Claude GOASGUEN soit opposé ou non à la "privatisation" de la piscine Molitor, là n'est pas la question. Rapporteur de la loi sur les contrats de partenariat public-privé (PPP) (http://claudegoasguen.typepad.com/claude_goasguen/2008/06/projet-de-loi-p.html ), lors de la dernière session parlementaire, il pouvait difficilement, après avoir défendu le recours aux entreprises privées pour construire (ou rénover) et gérer des équipements publics, s’opposé à Bertrand DELANOË sur cette question dans son arrondissement. Ces convictions libérales ne sont pas un mystère et même si je suis pas d’accord avec lui sur la question de la piscine Molitor, force est de constater qu’il demeure fidèle à ses idées.

La décision de rendre la piscine Molitor inaccessible au commun des parisiens et des franciliens au nom d’une prétendue rigueur budgétaire, qui n’affecte cependant pas des projets beaucoup plus discutables et coûteux dans l’est parisien, est le choix du maire socialiste de Paris et son adjoint communiste au sport (je ne pense pas que les électeurs de gauches se reconnaissent dans ce choix).

L’intérêt général n’est pas compatible avec une vision ultra libérale et l’intervention des collectivités territoriales dans la gestion et l’entretien de leurs équipements de premier ordre (ce qu’est la piscine Molitor) est indispensable. C’est même ce qui légitimise la fiscalité locale : financer et entretenir les équipements locaux de façon homogène sur l’ensemble du territoire.

Malheureusement le 16ème est victime de préjugés tenaces : c’est un arrondissement de riches (donc il n’y a pas de pauvres ou de "catégories intermédiaires" comme l’on dit ;-) voir un arrondissement riche (donc il ne faut pas investir dans la gestion et l’entretien de ses équipements publics -écoles, piscines, etc…- ni d’ailleurs en créer de nouveau et on peut même supprimer ceux qui existent comme le stade Hébert ;-).

Bien sur tout cela est faux mais cela arrange tout le monde de le croire. J’insiste, comme je n’ai cessé de le dire –bien seul malheureusement- lors du conseil de quartier Auteuil sud, cette privatisation est un scandale comme le fut le désengagement de la Ville de Paris dans la gestion de l’Aquarium du Trocadéro. Et comme l’Aquarium du Trocadéro ce ne sont pas seulement les habitants du 16ème qui sont perdant mais l’ensemble des parisiens et franciliens qui perdent le droit d’accéder à un prix raisonnable à leurs équipements publics !

Antoine Dufour
Conseiller de quartier Auteuil sud

Écrit par : Antoine | 29/10/2022

C'est là où je vous trouve bien trop conciliant avec la mairie d'arrondissement, Antoine.

Certes elle est in fine impuissante à imposer seule ses choix, mais il ne faut pas pour autant la dédouaner dans cette affaire.

Un Maire du 16ème ayant une vision différente de celle de notre élu et qui aurait fait valoir justement l'intérêt de la collectivité et l'accessibilité de tous les parisiens aux infrastructures sportives populaires (et à un patrimoine architectural d'importance soit dit en passant) aurait pu mettre en difficulté MM. Delanoë et Vuillermoz en les mettant nus face à leurs contradictions.

Une telle perspective était relativement peu envisageable en raison des options idéologiques de M. Goasguen, mais voir la récupération politique qui est effectuée dans cette déplorable affaire par une partie alors même que ses options n'auraient été différentes qu'à la marge est quelque chose de particulièrement irritant pour les adeptes d'un débat démocratique sain.
Dans cette affaire j'ai envie de prendre les uns pour taper sur les autres !

Il est piquant de noter que vous avez été bien seul à vous être exprimé sur le sujet... cela en dit long sur nos conseils de quartiers !

Qu'en penser si votre position encore conciliante (car si vous jugez à raison que c'est un scandale, vous ne critiquez que la Mairie de Paris ce qui est autrement plus convenable que d'apporter une contradiction - certes inconfortable - directe à la majorité locale dont vous êtes en quelque sorte l'hôte) tient lieu d'expression d'une marge extrémiste contestataire au sein des collèges des associations et personnalités qualifiées ?

Vous pointez les préjugés dont est victime le 16ème arrondissement, mais qu'en est il de la composition sociologique des représentants de quartier sensé être un lieu de respiration démocratique ? De quelle partie de la population de l'arrondissement sont-ils issus ?

Je me garde de vous jeter la pierre Antoine, il est autrement plus facile de porter un regard critique sur des institutions lorsque l'on n'y est pas partie prenante.
Mais les conseils de quartier, sorte d'alibi de démocratie local permettant au mieux de libérer une certaine expression que l'on tolérera pour mieux ne pas l'entendre, n'échouent ils déjà pas à donner cette apparence de simulacre démocratique ?

Écrit par : Derek Smalls | 29/10/2022

Derek pensez-vous que vraiment je m'autocensure ?
Et pourquoi ? Parce que je suis conseiller d’un quartier !
Vous me prenez pour qui ?

Je ne me sens nullement "l’hôte" d’une quelconque majorité. Seulement, sur la question de Molitor -parce que c’est de cela et uniquement de cela qu’il est question- la seule majorité qui me semble mériter une critique c’est celle de l’exécutif municipale de Paris. C’est pas la Mairie du 16ème qui décide de l’avenir de Molitor, faut pas raconter n’importe quoi !

Vous savez, M.DELANOË peut aussi commettre des erreurs, c’est qu’un être humain. Et sur ce dossier, comme sur l’Aquarium du Trocadéro, le Maire de Paris se trompe et ne sert pas l’intérêt général des Parisiens. Mais ce n’est que mon opinion, elle n’engage que moi et vous avez tout à fait le droit de penser différemment… de toute manière votre opinion, la mienne et celles des parisiens, nos élus s’en moquent bien à si lointaine échéance de la prochaine élection municipale. C’est même pour ça, que tant de projets discutables, sous le boisseau depuis des années, passent rapidement et presque en douce dès le début de la nouvelle mandature ! Dans 5ans tout sera oublié ;-)

Écrit par : Antoine | 30/10/2022

> Derek pensez-vous que vraiment je m'autocensure ?
> Et pourquoi ? Parce que je suis conseiller d’un quartier !
> Vous me prenez pour qui ?

Vous m'avez mal compris et vous prenez la mouche.
Vous surinterprétez mes propos qui ne se voulaient certainement pas virulents à votre endroit (il me semblait bien l'indiquer...). Je vais tenter d'expliciter cela à la fin de mon message.


> Je ne me sens nullement "l’hôte" d’une quelconque majorité. Seulement, sur la question
> de Molitor -parce que c’est de cela et uniquement de cela qu’il est question- la seule
> majorité qui me semble mériter une critique c’est celle de l’exécutif municipale de
> Paris. C’est pas la Mairie du 16ème qui décide de l’avenir de Molitor, faut pas raconter
> n’importe quoi !

Votre formulation est au moins malheureuse.
Qui raconte n'importe quoi ici ?
Hormis vous il n'y a que moi à avoir réagi et je n'ai jamais dit le contraire de ce que vous trouvez bon de rappeler !

La Mairie de Paris a bien décidé de l'avenir de la piscine Molitor, c'est entendu. Et de nos points de vue communs elle aurait dû prendre une décision autre, c'est aussi entendu. Je m'étonne vraiment que vous puissiez me prêter une opinion différente au vu de mes deux précédents messages !

Il n'en reste pas moins que la position de la Mairie d'Arrondissement sur ce dossier ne différait qu'à la marge (et notamment pas sur l'opportunité de concéder un BEA) contrairement à ce que M. Goasguen semble vouloir faire passer maintenant comme message dans la presse.

Cette manière de procéder est polémique et correspond à de regrettables pratiques politiciennes (dont M. Goasguen n'a pas l'exclusivité, c'est entendu aussi, je le précise pour que vous ne me fassiez pas un procès d'intention) qu'il me semble utile de dénoncer sur votre blog (attaché à la démocratie locale comme vous le rappelez régulièrement).

Un Maire du 16ème opposé à la concession d'un BEA ne se serait certainement pas félicité publiquement du recours à cette formule la veille encore du choix du projet gagnant, aurait agit autrement et aurait pu mettre la Mairie parisienne socialiste face à ses contradictions (car la quasi privatisation de Molitor ne parait pas nécessairement très en ligne avec ce que l'on serait en droit d'attendre d'elle).

M. Goasguen n'était pas opposé à un recours à un BEA, et le voir, lui, porter cette critique serait savoureux si cela n'était pas simplement triste.


> Vous savez, M.DELANOË peut aussi commettre des erreurs, c’est qu’un être humain. Et
> sur ce dossier, comme sur l’Aquarium du Trocadéro, le Maire de Paris se trompe et
> ne sert pas l’intérêt général des Parisiens. Mais ce n’est que mon opinion, elle
> n’engage que moi et vous avez tout à fait le droit de penser différemment…

Mais à la fin, faites vous donc l'effort de bien me lire avant de me répondre ?
Si oui, je vous renvoie votre interjection : vous me prenez pour qui (pour avancer cette argumentation hors de propos) ?

Je renvoie dans mes messages dos à dos les deux mairies (de la ville et de l'arrondissement) ce qui devrait me dispenser d'une leçon sur la non infaillibilité du Maire de Paris et pourtant vous me faites comme une sorte de procès d'intention en "Delanoëisme" béat.
C'est surréaliste.

Je déplore au moins autant que vous "l'aquariumisation" de Molitor !

> de toute manière votre opinion, la mienne et celles des parisiens, nos élus s’en
> moquent bien à si lointaine échéance de la prochaine élection municipale. C’est
> même pour ça, que tant de projets discutables, sous le boisseau depuis des années,
> passent rapidement et presque en douce dès le début de la nouvelle mandature !

Et n'est-ce pas très exactement pour lutter contre cet amer constat que vous animez ce blog citoyen ?

> Dans 5ans tout sera oublié ;-)

Probablement et c'est malheureux, mais pas ce n'est pour autant une chose acquise et ce n'est pas une raison pour baisser par avance les bras :-)

Des traces des cadavres dans les placards, il en restera... au moins ici grâce à votre blog !

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Pour ce qui est de mes remarques sur les conseils de quartier, elles visaient ici les choix qui président quant à leur composition et quant à leur fonctionnement (même si l'on peut dire qu'il y a un progrès par rapport à la situation antérieure).
Vous nous dîtes être le seul à vous être exprimé sur le dossier Molitor.
En la matière vous avez été donc la seule opposition, voilà ce qui est édifiant !

Si l'on ne peut pas vraiment s'étonner du silence de l'élu socialiste, s'alignant sur la position de M. Delanoë, que nulle autre voix que la vôtre (vous qui avez figuré un temps sur la liste de M. Alphand, toujours à l'UMP et n'êtes donc pas politiquement tant éloigné que cela de la Mairie d'arrondissement - ce qui est votre droit le plus absolu, je ne vous fais pas de procès d'intention, ne m'en faites pas) ne se soit élevée contre ce qui est pour vous, pour moi et probablement pour beaucoup d'autres habitants du quartier "un scandale", voilà qui en dit long sur la force de subversion (lire "la vigueur de l'expression démocratique" en faisant fi de toute ironie) qu'exprime le conseil de quartier dont vous faites partie !

Et si par extraordinaire la voix d'un conseiller de quartier s'élevait plus fortement contre un tel projet, elle serait alors totalement isolée au sein des collèges des associations et personnalités qualifiées.
Mécaniquement marginalisée, il serait facile de ne pas l'entendre, de l'étouffer par le nombre.

Lorsqu'en plus l'on sait que M. le Maire de l'arrondissement est prompt à entrer dans un rapport de force avec ses contradicteurs, qu'il bénéficie de la force de la légitimité de sa fonction, qu'il ne se prive pas de l'autorité que lui confère son statut pour tancer ou railler ses opposants, qu'il disposerait au besoin de l'appui inconditionnel de ses colistiers et amis, l'opposition à ses vues ou la formulation de critiques vis à vis de ses décisions est pour le moins délicate.

Tout cela a très certainement des vertus dissasives envers toute expression contestataire au sein des conseils de quartier.
Et si malgré tout, les vélléités d'expression sont assez fortes pour résister à cette pression et passer au stade de la formulation et de la prise de parole, on voit mal comment elle n'en serait pas affectée devenant soit poliment euphémisée pour ne pas provoquer de levée de boucliers, soit au contraire en exprimant une opposition très directe et frontale dont la force serait alors assimilée à une véhémence décrédibilisant par avance un propos devenant facile alors à ne pas prendre en considération....

La composition relativement uniforme des conseils de quartier rend toute expression dissonnante improbable, inconfortable et inefficace.

Vous ne vous sentez pas " "l’hôte" d’une quelconque majorité ", vous ne pensez pas vous autocensurer et je vous crois totalement.
Cela ne signifie pas pour autant que ces mécanismes n'opèrent pas sans que vous (comme d'autres personnes présentes) ne le réalisiez.
Il est d'autant plus difficile d'avoir la pleine conscience de ces mécanismes que l'on y est soumis alors que porter sur eux un regard extérieur est beaucoup plus aisé.

J'espère que l'effort de clarification que j'effectue vous permettra de bien percevoir le sens de mes interventions précédentes, je regrette dans notre échange ce qui m'apparait comme un malentendu.

Écrit par : Derek Smalls | 31/10/2022

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