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23.08.2022

Hector Guimard (1/3)

Tous les s nous vous proposons le portrait au travers d'un ou plusieurs articles d'un grand homme, d'un artiste, d'un personnage historique qui a laissé dans l'histoire de notre arrondissement une empreinte toujours visible. Nous commençons notre cycle historique par une série de trois aricles consacrés à l'oeuvre d'un des plus important architecte français du début du XXème siécle, malheureusement tardivement reconnu mais qui a réalisé dans le 16ème, plus que dans tout autre arrondissment de Paris ou ville de France, un nombre considérable d'immeubles et d'hôtels particuliers : Hector Guimard (1867-1942).

 

Hector Guimard, un architecte social ?

 

Hector Guimard est né le 10 mars 1867 à Lyon. Il est admis le 11 octobre 1882, âgé de 15 ans, à l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. En 1885, il n'obtient pas son diplôme d'architecte mais continue de se consacrer aux beaux-arts. En 1892, il échoue malheureusement au prix de Rome. En 1895, il réalise l'Atelier de Carpeaux - 39, boulevard Exelmans. Avec lui, il participe à la ré-édification des vestiges de l’ancienne église d’Auteuil dans la cour du presbytère de la nouvelle église, 4, rue Corot. En 1899, ne pouvant mener une double carrière il se restreint à l'architectecture.

Si ses premiers clients sont essentiellement des particuliers fortunés du 16ème arrondissement pour qui il édifie de nombreux hôtels particuliers et maisons de campagne, ce qui lui vaut une réputation d'architecte modain, Hector Guimard fut aussi impliqué dans l'architecture sociale et hygiéniste des années 1900. En 1898, il achève la construction du Castel Béranger, 16, rue La Fontaine et hameau Béranger, véritable cité ouvrière du 16ème.

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Vue de la rue La Fontaine, l'angle du bâtiment. Ce qui frappe avant tout c'est l'incroyable polychromie peu courante dans les immeubles de Paris à cette époque.

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L'entrée du "Castel", typique Art Nouveau où l'on voit mélés les trois matèriaux de prédilection de Guimard, la fonte de fer, la pierre et...

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... dans le hall terre cuite vernissée, sur les murs et au sol. Partout les motifs inspirés du végétal se répandent sur les murs, les sols et même les plafonds dans une profusion peut-être un peu lourde mais du plus pur style Art Nouveau. 

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La profusion d'ornements (pièces standardisées comme les célébres édicules de Métro Guimard) nous ferait presque oublier...
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... qu'il s'agit de logements sociaux, où l'espace est rationalisé et utilisé au mieux comme dans tout HLM, même si à l'époque on parle de cité ouvrière (les ascenceurs sont  postérieurs à Guimard).

Ces motifs végétaux qui semblent recouvrir gouttières, rampes, appuis de fenêtres, appartiennent au vocabulaire ornemental de l'Art Nouveau, et ne doivent pas nous dissimuler que toutes ces pièces sont utiles, fonctionnelles, d'ailleurs réalisées en série. L'habitat est conçu comme un tout, mobilier compris. Hector Guimard devient très vite un des maîtres du style Art Nouveau, qui passera malheureuseument assez vite de mode à Paris, d'où la plus grande sagesse des immeubles de rapports qu'il construira par la suite dans le 16ème. C'est vers les demeures privées qu'il faudra rechercher encore un peu de l'exentricité du Castel Béranger. Pour les "pauvres", l'ornementation sera plus épurée, les façades plus monochromes à partir de 1910, mais avec le même sens du détail, la même utilisation optimale de l'espace et des volumes.

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L'immeuble Jassedé entre 1903 et 1905, 142, avenue de Versailles est déjà plus "sobre" et annonce les immeubles de rapport que Guimard va bâtir par la suite...

Ainsi cet important groupe d’immeubles bâti entre 1909 et 1911, rue La Fontaine, rue Gros et rue Agar bien qu'à très peu de distance du Castel Béranger, voilà ce que l'on peut voir :

 

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L'ensemble est plus austère et se fond dans le paysage urbain de Paris, monochrome, pierre blanche, rythme des façades régulier.

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Même la dédicace de Guimard à la tragédienne qui donna son nom à la rue est des plus sobre.

Un architecte doit répondre aux demandes de ses clients, et si ceux-ci ne dédaignaient pas la fantaisie de Guimard pour leur propre maison, il semble que dans le cas d'habitats collectifs, destinés à la location, le style Guimard n'était pas "populaire". Cela est regrettable, car l'on s'apperçoit aujourd'hui qu'Hector Guimard mettait dans la réalisation d'un immeuble social comme le Castel Béranger autant de soin et de talent que pour un hôtel particulier ou une riche maison de campagne destiné à sa clientelle plus fortunée.

 

par Antoine

07:50 Publié dans Culture | Lien permanent | Envoyer cette note

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